Ryder Cup : pourquoi la France accueille la plus grande manifestation mondiale de golf ?

Qui a eu cette idée folle ?

La voix de Pascal Grizot est calme et posée. « L’idée de se porter candidat à l’organisation de la Ryder Cup est née en 2008, lors du premier comité de la fédération française de golf auquel j’assistais, invité en tant que capitaine de l’équipe de France amateurs messieurs. Le point figurait à l’ordre du jour. L’hypothèse envisagée était, en cas de candidature, de confier l’organisation à un club. J’ai soutenu l’idée que si la France devait accueillir cette compétition, elle ne pouvait le faire qu’au Golf National, et sous l’égide de la fédération. On m’a regardé avec surprise, et on m’a demandé d’explorer le sujet. C’était une idée folle. Je ne connaissais même pas le cahier des charges. On l’a lu, au début juste pour essayer de comprendre, on l’a analysé dans ses moindres détails puis on s’est lancé dans la course, et nous l’avons remporté. Depuis, une décennie s’est écoulée, marquée par le travail et la passion ». Dans son bureau qui domine l’ouest parisien, entre l’Arc de Triomphe et la Grande Arche de la Défense, chaque chose est à sa place. Tout semble avoir été pensé avec soin, et choisi avec goût. Dans une grande pièce lumineuse, un espace de convivialité constitué de canapés d’une discrète élégance sépare son bureau personnel de chef d’entreprises de la partie où se trouve la table de réunion. 

Performant sur tous les terrains

« Le travail et la passion ». Indissociables l’un de l’autre, pour celui qui remplit à titre bénévole les fonctions de Président du comité directeur de l’organisation de la Ryder Cup 2018. A 56 ans, Pascal Grizot a déjà eu plusieurs vies. Sur les parcours de golf, qu’il n’a pas quitté depuis ses 10 ans, où il a figuré parmi les tous meilleurs golfeurs français de sa génération, travaillant aujourd’hui encore son excellent index (-1) avec les pro et les amateurs les plus réputés du monde entier. Dans les linéaires des magasins Monoprix de son père, qu’il rejoint en 1982, avant de créer en 1987 CPS, sa propre société de sécurité (qu’il préside toujours et qui compte 1 400 salariés), puis d’ouvrir plusieurs franchises de grande distribution en 1989. Sous l’enseigne … Champion, comment aurait-il pu en être autrement ? Ayant revendu ses entreprises de distribution en 2006, il a ajouté une nouvelle corde à son arc, devenant dirigeant de fonds d’investissement et de sociétés immobilières.

« On m’a pris pour un fou. Mais on a gagné »

Pascal Grizot, Président du comité d’organisation Ryder Cup 2018

Faire fi des bookmakers

Homme d’affaires avisé et golfeur reconnu, Pascal Grizot ne se laisse pas impressionné par l’ampleur de la tâche ni par les premières réactions à la candidature française, officialisée en 2009. Chez les bookmakers anglais, les chances données à celle-ci la relèguent au 5^ème rang des 6 pays candidats (Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Portugal, Suède). « Cela ne m’a pas découragé : cela ne reposait pas sur des critères objectifs sérieux. C’était un problème de perception, d’image, dont nous avons d’ailleurs tenu compte ensuite, conscients qu’il fallait rassurer et convaincre l’ensemble de la communauté et particulièrement les onze membres britanniques du Ryder Cup Committe, l’organe décisionnaire dans le choix du pays hôte ». Même ses connaissances doutent : « On m’a pris pour un fou. Mais on a abordé cette candidature avec motivation et professionnalisme ». Assez rapidement, le schéma se dessine, le modèle économique est défini, et le plan d’actions se déroule.

Tous unis autour d’un grand projet

Trois objectifs sont assignés à cette candidature : démocratiser la pratique du golf, augmenter le nombre de licenciés et de champions français, faire de la France une destination golfique de premier plan.

« Nous avons gagné le soutien de toute la famille du golf. D’abord celui du bureau directeur de la fédération, puis celui des clubs, qui ont approuvé notre proposition de candidature à 93 % ». Dans la foulée, lors de la même assemblée générale, les clubs votent à 83 % l’augmentation du prix de la licence de 3 € pendant 12 ans. Cela permet d’apporter 16,5 millions d’euros, près de la moitié du budget de l’événement. 

Du côté des pouvoirs publics, l’État se montre d’abord réservé : le golf souffre d’une image d’élitisme, avec des codes opaques et des parcours peu accessibles. S’il est le premier sport individuel joué au monde, avec 900 millions de pratiquants, il n’apparait qu’au 4^ème rang en France, avec 400 000 licenciés. Mais l’union de la famille du golf autour du projet, les objectifs de démocratisation et de célébration populaire portés par la candidature emportent les dernières hésitations.  

Des engagements renouvelés

Sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, l’État rejoint alors les collectivités territoriales qui soutiennent déjà l’initiative, aux premiers rangs desquelles figure la Région Ile-de-France, présidée à l’époque par Jean-Paul Huchon, grand amateur de golf. Le comité Ryder Cup 2018 peut ainsi compter sur un montant de 11 millions d’aides publiques (6 millions d’aide à l’organisation, 4,7 au titre de l’investissement). Les engagements écrits ont depuis été confirmés à chaque remaniement ministériel ou changement de mandature. François Hollande puis Emmanuel Macron à la Présidence de la République, Valérie Pécresse à celle de la Région reprendront à leurs comptes les engagements de leurs prédécesseurs.

Le reste du budget sera apporté par des entreprises privées, qui s’engagent aux côtés de la fédération de golf et deviennent membres du club des partenaires. Au nombre de 6 lors de la candidature, elles sont désormais 14, qui auront contribué à hauteur d’une centaine de milliers d’euros par an, apportant les 11 millions manquant pour équilibrer le budget.

La Ryder Cup, la plus grande compétition de golf du monde

Une compétition unique

La Ryder Cup la plus grande compétition de golf par équipes au monde.
Elle oppose les 12 meilleurs joueurs américains aux 12 meilleurs joueurs européens, qui s’affrontent en 28 matches, individuellement et en duo.

Seuls 3 français ont été membres de l’équipe européenne en Ryder Cup : Jean Van de Velde (1999) Thomas Levet (2004) et Victor Dubuisson (2014) 

Elle est disputée sur trois jours : les matches en duo ont lieu le vendredi et le samedi, les matches en simple le dimanche. L’équipe dont le score est supérieur à 14 est victorieuse.

Elle est organisée tous les deux ans depuis 1927, en alternance aux États-Unis et en Europe. Pour les parties européennes, elle n’a eu lieu qu’une seule fois sur l’Europe continentale : en Espagne, au golf de Valderrama à Sotogrande, en 1997.

Elle est précédée par la Junior Ryder Cup, qui oppose deux équipes mixtes de moins de 18 ans. 

Un engouement sans égal

• 2 000 journalistes accrédités.
• 5 000 heures de diffusion TV sur 50 chaînes.
• 1 milliard de téléspectateurs, sur 185 territoires.
• 250 millions de pages vues sur le site officiel.
• 50 millions de personnes touchées par les comptes officiels, 700 000 téléchargements de l’application.
• 300 000 spectateurs attendus sur la semaine de compétition.

Des retombées économiques importantes, un budget maîtrisé et équilibré.

Les prévisions établies estiment à 150 M d’euros les retombées économiques directes, et à 226 M d’euros avec les retombées économiques indirectes.

Le budget défini en 2011 a été respecté, il est équilibré. Il s’élève à 36 millions d’euros, dont 16,5 apportés par les licenciés, 11 par les partenaires privés et 9 par les subventions et aides de l’État et des collectivités.

Les postes de dépenses sont :

• Contribution à l’organisation de la Ryder Cup et de la Junior Ryder Cup 
• Plan de transport et de sécurité
• Communication et promotion de l’événement sur plus de huit ans
• Aménagement du Golf National
• Organisation des cérémonies d’ouverture et de clôture
• Mise en place d’un village Ryder Cup 2018 gratuit destiné au grand public