Alexandre Mars : « Enfin des jeux socialement exemplaires ! »
Entrepreneur philanthrope, Alexandre Mars est à la tête d’Epic, startup à but non-lucratif qui promeut le don et l’engagement social.
Entrepreneur philanthrope, Alexandre Mars est à la tête d’Epic, startup à but non-lucratif qui promeut le don et l’engagement social. Passionné de sport, il a présidé la commission Sport et société de la candidature de Paris 2024, dont il est aujourd’hui administrateur et ambassadeur. Il dévoile à GRAND! sa vision sociale des JO.
On dit de vous que vous êtes un grand sportif amateur…
Alexandre Mars : « Le sport fait partie intégrante de ma vie. J’ai grandi en lisant L’Équipe et en me passionnant pour tous les sports. Je suis également praticien et touche un peu à tout en la matière. En club, j’ai notamment fait de l’athlétisme, du handball, du football. Je pratique aussi le ski, le tennis et des arts martiaux comme le judo, le jujitsu et le Krav-maga. Finalement, je me débrouille en tout mais malheureusement je ne suis excellent à rien. Ce qui m’intéresse c’est surtout cette notion de dépassement de soi et de partage. »
Le sport, c’est d’abord une affaire de famille ?
« Oui, je fais par exemple du basket avec mon fils, du Krav-maga avec tous mes enfants, j’ai été coach de football d’une de mes filles et je fais des « battle » de hip hop avec mon autre fille… Le sport, c’est une façon d’établir une connexion forte avec les enfants. Mais pour eux c’est aussi une école de l’humilité : dans la pratique sportive on trouve toujours meilleur que soi, on est toujours confronté à ses limites. Au-delà de l’importance de rester humble, le sport véhicule tellement de valeurs importantes. »
Comment avez-vous intégré le projet des Jeux 2024 ?
« Je suis persuadé qu’il y a un lien profond entre la pratique sportive, porteuse de valeurs, et l’économie du partage. C’est sur cette conviction qu’il y a plus de trois ans, j’ai contacté Thierry Dusautoir, ancien capitaine de l’équipe de France de rugby, pour qu’il me mette en contact avec l’équipe à l’origine de la candidature de Paris. Face à Tony Estanguet et à Bernard Lapasset, les deux co-présidents de Paris 2024, j’ai soutenu l’idée suivante : Paris ne gagnerait la compétition qu’en se fondant sur l’impact social du sport et en mettant en avant le pouvoir des Jeux face aux défis environnementaux et sociaux. »
Comment ont-ils réagi face à cette conception philanthropique des Jeux ?
« Très bien ! Pour eux, le sport revêt un certain nombre de valeurs : la santé, la culture, l’éducation, l’environnement, le vivre-ensemble, le partage. Ils ont donc été très réceptifs à mon approche et m’ont accordé leur confiance en me nommant président du comité Sport et société. Nous avons exploré, sous l’impulsion de Marie Barsacq, la Directrice impact et héritage de Paris 2024 et des 30 membres du comité, des thématiques fortes comme l’impact des Jeux sur l’égalité femmes-hommes, les liens entre sport et éducation, sport et handicap et le sujet de la reconversion des athlètes. Nous avons présenté nos résultats au CIO en mai 2017, au cours de sa visite en France. « Made for sharing » était le slogan de Paris 2024, avec l’idée au fond, que le bien social et l’ouverture à la société étaient au cœur de la candidature. Je suis certain que cette approche nous a aussi aidé à faire la différence face à la candidature de Los Angeles. »
Vous dîtes souvent que les Jeux d’aujourd’hui ne peuvent plus se penser comme ceux d’il y a 30 ans…
« Paris 2024, ce sont les premiers Jeux désignés après l’adoption de « l’Agenda 2020 », la feuille de route stratégique du CIO. Aujourd’hui, on ne peut plus se permettre les abus passés : je repense à Athènes, Rio, Sotchi… autant d’exemples qui poussent parfois le grand public à moins adhérer aux jeux. C’est pourquoi la candidature parisienne a répondu à ces nouvelles exigences : aujourd’hui, l’impact financier des Jeux doit être faible sur la ville et sur ses citoyens et les financements privés doivent pouvoir prendre le relais. De même, la modernité des Jeux se fonde sur la durabilité et la fonction sociale des installations. C’est par exemple le cas de la piscine qui se trouvera à Saint-Denis, dans un département où plus d’un enfant de 11 ans sur deux ne sait pas nager.
De la même façon, le village des athlètes est voué à se transformer en habitations, dont 25 à 40% seront des logements sociaux. Enfin, être durable, c’est aussi faire un effort environnemental exemplaire. Paris 2024 souhaite donc obtenir un excellent bilan carbone et avoir un impact écologique positif avec un fort taux de recyclage et de réutilisation des déchets, une attention portée à l’eau et le recours aux véhicules propres. »
Cela passe aussi par des Jeux plus ouverts, plus inclusifs ?
« Le choix de Paris d’ouvrir au grand public le marathon olympique constitue le meilleur exemple. Pouvoir faire vivre aux citoyens d’un pays l’émotion et la passion des grands athlètes lors d’un moment unique est une grande première dont les Jeux de Paris et la France peuvent être fiers. Cet esprit de partage, d’échange et d’inclusion sera l’un des fils directeurs de cette édition. C’est la même chose pour les territoires français qui seront associés : de Marseille à Paris en passant par d’autres régions pour les épreuves de voile et de surf, le territoire français sera également bien représenté. »
Enfin, toutes les générations auront leur place aux Jeux. Parmi les nouveaux sports présents lors de cette édition, on compte des activités plébiscitées par les jeunes comme le skateboard, le surf et le break dance. Lors de la dernière journée olympique en juin, place de la Concorde, on a pu constater un vrai engouement pour cette discipline, ce qui confirme le succès rencontré lors des JO de la jeunesse à Buenos Aires l’année dernière. En réalité, on ne fait que s’adapter au monde actuel : plus solidaire, plus dans le partage, plus durable. Depuis le premier jour, c’est l’ADN même des jeux de Paris qui, au fond, est cohérent avec l’universalisme français, le patrimoine des Lumières, la culture qui est la nôtre en France. »
Les Jeux idéaux pour vous, c’est quoi ?
« En parlant en mon propre nom, des Jeux réussis ne reposent pas seulement sur le nombre de médailles remportées : c’est l’impact social positif et l’héritage qui vont en découler qui montrera leur valeur. Réussir dans la reconversion des athlètes, inclure les jeunes en difficulté à travers le sport, faire le trait d’union entre les différentes régions et entre les générations… Autant de défis que j’aimerais que ces Jeux tentent de relever. »