Comment les expositions de la belle époque ont façonné le Paris d’aujourd’hui
Tour Eiffel, Grand Palais, pont des Invalides… Ces monuments emblématiques sont tous sortis de terre lors d’une « expo » et contribuent à structurer la ville.
Paris sans la Tour Eiffel ? Inconcevable pour ses millions de visiteurs annuels comme dans l’imaginaire collectif. Un temps menacée de démantèlement après l’Exposition Universelle de 1889, elle symbolise aujourd’hui la capitale à elle seule. Mais tous les monuments construits à l’occasion de grands événements n’ont pas connu le même sort. Qui a entendu parler du Palais de l’Industrie et des Beaux-Arts, érigé sur les Champs-Elysées pour l’Exposition Universelle de 1855 et détruit 40 ans plus tard ? Au fil des décennies, l’idée de réutiliser les bâtiments conçus pour de l’éphémère progresse. Penser « l’après » s’est peu à peu imposé comme une étape incontournable du projet.
« Les grands événements ont besoin de matérialité, d’un lieu physique qui marque leur existence et permet de rassembler, décrypte Guy Burgel, professeur de géographie et d’urbanisme à l’université Paris X Nanterre. Ces bâtiments deviennent le lieu matériel de l’éphémère. Au-delà de la logique économique, vouloir les ré-exploiter souligne le besoin de faire durer le temporaire. »
Ces lieux s’inscrivent d’autant mieux dans la durée que leur conception répond à certaines exigences : être facilement accessibles, suffisamment spacieux mais aussi centraux.
Aujourd’hui organisées avec en ligne de mire la recherche de solutions pour les grands défis de l’humanité, les expositions universelles, nées au milieu du XIXe siècle à Londres, étaient avant tout une vitrine technologique pour les pays hôtes, alors en pleine révolution industrielle. Organisées cinq fois à Paris entre 1855 et 1900, elles sont l’occasion de promouvoir le dynamisme et la puissance économique de toute la France. En 1900, 48 millions de visiteurs ont ainsi pu y découvrir un trottoir roulant, les films des frères lumières, la grande roue de Paris, mais aussi des ouvrages devenus iconiques de la capitale comme le pont Alexandre-III ou encore le Grand Palais.
Erigée entre juillet 1887 et mars 1889, elle est l’emblème de l’Exposition Universelle 1889. Plus haut bâtiment au monde à l’époque, elle est aussi très critiquée. Mais son succès populaire la sauve de la destruction.
Au cœur de l’Expo de 1900, le Grand Palais fera office d’hôpital de fortune pendant la Première Guerre Mondiale. Comme le Petit Palais, il accueillera ensuite de nombreuses expositions artistiques, mais aussi des sommets internationaux, des soirées électro ou des fêtes foraines.
L’exposition de 1900 offre un coup de jeune à la gare de 1847 : 13 voies pour recevoir les trains, nouvelle façade et construction de la tour de l’Horloge. Depuis, le bâtiment n’a cessé de s’agrandir et se moderniser tout en gardant ses fondamentaux architecturaux.
Le fragile pont de 1824 est reconstruit pour l’Exposition Universelle de 1855. Seules les piles existantes sont conservées. Une pile centrale est ajoutée pour bâtir un pont en arc.
Le pont d’origine date lui-aussi de 1824. La nouvelle structure vise à matérialiser l’amitié franco-russe à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900.
L’ancien Palais du Trocadéro – construit pour l’Exposition Universelle de 1878 puis utilisé pour celles de 1889 et 1900 – est détruit et remplacé par le Palais de Chaillot pour l’Exposition Spécialisée de 1937.
Si le bâtiment prend son nom actuel à la fin des années 1940, son inauguration remonte à 1937, pour l’Exposition Universelle. Le « Palais des Musées d’art moderne » d’alors se compose déjà de deux ailes, aujourd’hui consacrées l’une à l’art moderne, l’autre à l’art contemporain.
Construit pour l’Exposition coloniale de 1931, son architecture est l’un des emblèmes du mouvement Art Déco. Il abrite depuis son ouverture un aquarium tropical avec l’une des plus belles fosses à crocodiles d’Europe et, depuis 2007, le musée de l’Histoire de l’immigration.
A son inauguration en 1914, elle accueille l’Exposition internationale urbaine de Lyon consacrée à l’hygiénisme. Le bâtiment, qui porte le nom de son architecte, abrite une usine d’armement pendant la Grande Guerre puis un marché aux bestiaux jusqu’en 1967. Longtemps désaffectée, elle est transformée en salle de concerts et de salons en 1988. |